Manger sans gluten, un vrai défi social
Être déclaré hypersensible ou intolérant au gluten, voire cœliaque, nécessite souvent de faire face à beaucoup de changements dans sa vie. L’alimentation est un élément tellement important de notre quotidien que passer au sans gluten pour des raisons de santé demande quelques sacrifices et beaucoup d’organisation.
Et ce sont d’ailleurs les sujets les plus évoqués lorsque l’on parle du sans gluten : comment faire les courses, éviter les contaminations croisées, changer ses habitudes, etc.
Mais un autre sujet qui, à mon avis, est aussi très important et mériterait d’être évoqué, est le défi social qu’un régime sans gluten peut créer. En effet, la nourriture revêt une grande notion sociale, et cela est particulièrement vrai en France. Les barbecues, les apéros, les restau sont l’une des bases de la vie en société en France. La « bonne bouffe » rassemble. Elle est synonyme de bon moment, de douceur de vivre, de partage et de rapprochement.
Et pour les gens qui se découvrent une intolérance au gluten, cela signifie forcément de devoir naviguer des situations délicates et faire parfois face à une incompréhension de leur entourage, que ce soit dans un cadre privé ou professionnel.
Manger sans gluten : défi social – le cadre familial
Les premières personnes qui vont devoir faire face à vos restrictions alimentaires avec vous seront bien évidemment vos proches, le premier cercle familial : parents, enfants, frères et sœurs si vous habitez toujours avec eux. Ce sont aussi probablement ceux qui vous ont vu subir des problèmes de santé jusqu’à votre diagnostic d’intolérant ou de cœliaque, et donc il leur sera généralement facile d’accepter les changements, surtout s’ils constatent par eux-mêmes de l’amélioration de votre santé en suivant ce régime. Les effets positifs d’un régime sans gluten après le diagnostic sont souvent très visibles et rapides.
Le deuxième cercle familial est généralement un peu plus compliqué, pour la simple raison que ces personnes, cousins, tantes et oncles, beaux-parents etc. ne vivent pas avec vous. Si vous en êtes proches, ils auront peut-être entendu parler de vos problèmes de santé et pourront accepter les changements que votre nouveau régime sans gluten peut apporter aux réunions de famille.
Manger sans gluten : défi social – les amis
La vraie première difficulté va être dans vos rapports avec vos amis et les sorties. Selon votre degré d’intolérance, il existe deux cas. Soit il vous est possible de manger dans un restaurant mais en prenant des plats sans gluten (salade ou viande ou poisson sans sauce) après avoir demandé au serveur de vous conseiller. Soit il ne vous est pas possible de prendre le risque de contaminations croisées, quasi inévitables dans une cuisine où circulent du pain et de la farine de blé.
Dans le premier cas, il est généralement possible de continuer à mener une vie assez normale, même si vous n’échapperez probablement pas à certains « commentaires » un peu déplacés de personnes dubitatives, qui pensent que le « sans gluten » est une invention marketing destinée aux bobos parisiens. De même, demander au serveur s’il a une option sans gluten ou s’il sait si du gluten se trouve dans un des ingrédients d’un plat en particulier, peut vous placer dans la catégorie « client difficile ». Et malheureusement, certains serveurs ne prennent pas cette intolérance au sérieux et peuvent choisir de fournir une réponse facile sans se soucier des conséquences.
Un petit conseil que j’ai souvent entendu : si vous voyez que le serveur n’a pas l’air sérieux dans ses réponses sur le gluten, essayez de lui dire que vous êtes allergiques. L’intolérance n’est peut-être pas très connue, mais une allergie, tout le monde sait ce que sait et ça a un côté un peu plus « terrifiant » pour certaines personnes, une réaction allergique étant souvent instantanée.
Dans le second cas, c’est-à-dire si vous ne pouvez pas prendre le risque de manger des traces de gluten, il devient alors très difficile de sortir avec vos amis pour diner. Les restaurants sans gluten restent assez rares, même dans les grandes villes.
Plusieurs choix s’offrent à vous, que j’ai déjà vu et fait : soit vous avez la chance de trouver un plat dont les risques de contaminations sont très faibles, par exemple un plateau de fruits de mer ou juste d’huitres, soit, au moment de faire la réservation au restaurant, vous pouvez expliquer votre situation et demander s’il serait possible que l’une des personnes du groupe ramène un peu de nourriture. Pour l’avoir déjà fait, certains restaurants sont très compréhensifs et peuvent accepter ce scénario.
La deuxième difficulté est d’aller diner chez des amis. Si vous pouvez manger des produits réalisés dans une cuisine dans laquelle se trouve du gluten, il est souvent assez facile de discuter avec la personne qui vous reçoit et de trouver une solution qui vous conviendrait. Cela peut être de ne manger que l’entrée et la viande ou le poisson, ou simplement d’éviter certains plats. Si vous expliquez de manière pédagogique que votre régime sans gluten s’explique par des raisons de santé, la plupart des gens sont assez accommodants et seront même heureux d’adapter le repas pour vous. Faîtes attention cependant les personnes qui ne sont pas très familiers avec le régime sans gluten peuvent assez facilement faire des erreurs et utiliser des ingrédients qu’ils sont persuadés d’être sans gluten.
Si vous êtes cœliaques et ne pouvez pas risquer la contamination croisée, le seul moyen est d’amener votre propre nourriture. Au premier abord, c’est assez surprenant pour les personnes à qui vous le proposez. En France, l’hospitalité est souvent une chose dont les gens sont fiers et ils peuvent avoir du mal avec l’idée de voir quelqu’un venir chez eux et de ne pas pouvoir leur proposer à manger. Dans ce cas-là, un gros travail de pédagogie doit se faire et ne pas avoir peut d’expliquer que vous venez surtout passez un bon moment avec eux, et que même si vos problèmes de santé vous empêchent de manger la même chose, vous serez content d’être là. Et dans ce cas-là, ramener des biscuits apéro sans gluten que vous pourrez partager avec tout le monde aide souvent à briser la glace, à amener le sujet au tout début du repas et de mettre tout le monde à l’aise.
Manger sans gluten : défi social – au travail
Dernier aspect de votre vie sociale qui peut se trouver chamboulée par votre régime sans gluten : au travail.
Que ce soit vos collègues qui vont manger ensemble au restaurant le midi, ou les repas d’équipe ou séminaires d’entreprise, les collations sont de bons moments pour sociabiliser avec vos collaborateurs et créer des liens qui vont au-delà du travail.
Pas facile donc de naviguer ses moments si vous ne pouvez pas manger avec votre équipe, surtout si vous êtes nouveau dans l’entreprise.
Manger sans gluten : défi social – quelques conseils
Beaucoup de personnes ne connaissent pas vraiment l’intolérance au gluten ou la maladie cœliaque. Certains peuvent, par erreur, penser qu’il s’agit d’un choix et donc se montrer un peu dur si votre régime perturbe les habitudes des autres. Se montrer pédagogique est primordial. Si ce sont des personnes dont vous êtes assez proches, expliquer les conséquences sur votre santé si le régime sans gluten n’est pas suivi est souvent suffisant pour qu’ils soient très accommodants.
Mangez toujours un peu avant d’aller quelque part, ou ayez toujours dans votre sac des biscuits sans gluten. Les imprévus sont toujours là quand on mange sans gluten : le restaurant ne propose ce jour-là pas d’option sans gluten, la personne qui vous reçoit ne savait pas mais a mis du gluten dans le plat qu’elle vous avait préparé, le verre avec vos amis se transforme en repas et vous savez qu’il n’y aura pas d’options sans gluten.
Si vous le pouvez, partagez vos biscuits ou votre nourriture sans gluten avec les gens autour de vous. Beaucoup de gens ne s’en rendent pas compte, mais partager la nourriture est vraiment ce qui leur permet de sentir qu’ils sont proches des autres. Si vous ne pouvez pas mettre un pied dans leur univers plein de gluten, accueillez-les dans le vôtre.